Analyse sémiotique du film de Howard Hawks « Rio Bravo »

 

Bien que parfois décriée, l’Intelligence Artificielle (I.A.) fait actuellement une entrée remarquée dans tous les domaines de l’activité humaine.

Afin d’illustrer le parti que les étudiants peuvent, eux aussi, tirer de ce nouvel adjuvant, il m’a paru intéressant de proposer ici un exemple d’analyse sémiotique effectuée par l’une des innombrables IA désormais disponibles sur internet.

Voici donc, structurée selon les cadres théoriques proposés par Vladimir PROPP, Algirdas GREIMAS, Jean-Michel ADAM et François RASTIER, et entièrement opérée par une IA (« Le Chat »), une brève analyse du film d’Howard Hawks « Rio Bravo« .

 

 

1./ Analyse proppienne : les fonctions et les rôles

Inspiré de Vladimir Propp, on peut identifier dans « Rio Bravo » une séquence narrative qui suit un schéma proche du conte merveilleux, mais adaptée au genre western.

Rôles des personnages (sphères d’action)
  •  – Le Héros : John T. Chance (John Wayne) incarne le shérif qui doit défendre la ville contre les bandits. Il est à la fois le héros classique et un personnage complexe, marqué par l’âge et la solitude.
  •  – L’Auxiliaire magique : Dude (Dean Martin), l’ancien adjoint alcoolique, et Colorado Ryan (Ricky Nelson), le jeune pistolero, jouent ce rôle. Leur évolution (la rédemption de Dude, l’initiation de Colorado) est centrale.
  •  – Le Donateur : Stumpy (Walter Brennan), le vieux boiteux, fournit des informations et un soutien moral/logistique.
  •  – L’Objet de la quête : La défense de la prison et la protection de Joe Burdette (le frère du méchant) symbolisent l’ordre et la justice.
  •  – L’Opposant : Nathan Burdette (John Russell), le riche rancher criminel, incarne le mal, la corruption et la menace extérieure.
  •  – Le Faux Héros : Pat Wheeler (Ward Bond), d’abord perçu comme un allié, se révèle ambigu, mais reste du côté de la loi.
  •  – Le Mandateur : La communauté de Prescott (la ville) et la loi non écrite du Far West.
  •  – La Princesse (ou la récompense) : Feather (Angie Dickinson), qui représente à la fois une tentation et une possible rédemption. pour Chance.
Fonctions narratives
  • Situation initiale : L’arrestation de Joe Burdette perturbe l’équilibre.
  • Epreuve qualifiante : Chance refuse l’aide des citoyens, choisissant de défendre la prison avec une petite équipe.
  • Combat et victoire : La série de duels et d’affrontements culmine dans la scène finale où Chance et Dude triomphent des bandits.
  • Récompense : La paix revenue, Chance et Dude retrouvent une forme de rédemption personnelle et sociale.
Spécificité hawkienne :

Hawks inverse et complexifie certains rôles. Par exemple, Chance n’est pas un héros solitaire classique : il a besoin de ses compagnons, et sa relation avec Feather introduit une dimension romantique et vulnérable.

2./ Analyse greimassienne : le carré sémiotique et les actants.

Algirdas Greimas permet de modéliser les oppositions et les valeurs en jeu.

Carré sémiotique :

Valeurs                       Contradiction                      Contrariété

Loi/ordre                  Désordre/crime               Justice/Vengeance

(Chance, Dude)   (Burdette, ses hommes)  (Feather, Pat Wheeler)

Schéma actantiel :
  •  – Sujet (Chance) vs Objet (la justice) : la quête est de rétablir l’ordre, mais aussi de prouver que la loi peut triompher sans compromission.
  •  – Destinateur : La communauté (symbolisée par les citoyens qui finissent par aider indirectement).
  •  – Destinataire : La ville, mais aussi Chance lui-même, qui cherche à prouver sa valeur.
  •  – Adjuvant : Dude, Colorado, Stumpy.
  •  – Opposant : Burdette et ses hommes.
Enjeu sémiotique :

Le film joue sur la tension entre l’individualisme (Chance refuse l’aide au début) et la solidarité (il finit par accepter le soutien de la communauté). La valeur centrale est l’honneur, opposée à la corruption et à la peur.

3./ Analyse discursive : Jean-Michel Adam et la textualité.

« Rio Bravo » est un exemple parfait de « séquence narrative » (Adam) avec des phases marquées :

  •  – Ouverture : L’arrestation de Joe Burdette et la menace de Burdette.
  •  – Complication : Le siège de la prison, les tentatives d’intimidation.
  •  – Résolution : Les duels et la victoire finale.
  •  – Clôture : La scène finale où Chance et Dude marchent ensemble, symbolisant la réconciliation et la paix retrouvée.
Effets de rythme :
  •  – Scènes de tension (les attaques de la prison) alternent avec des scènes de respiration (les chansons de Dude et Colorado, les dialogues humoristiques).
  •  – Dialogue : Hawks utilise le dialogue pour révéler les caractères (ex. : les répliques cinglantes de Chance, l’humour de Stumpy).
Intertextualité :

Le film dialogue avec d’autres westerns (notamment « High Noon« , que Hawks critiquait pour son héros trop solitaire). Ici, la communauté est réhabilitée, même si elle d’abord montrée comme lâche.

4./ Analyse rastérienne : isotopies et sémantique interprétative.

François Rastier insiste sur les « isotopies » (répétitions de thèmes ou de motifs) qui structurent le sens.

Isotopies majeures :
  •  – La rédemption : Dude (alcoolique -> héros), Chance (solitaire -> intégré), Feather (femme fatale -> alliée).
  •  – La musique : Les chansons de Dude et Colorado (comme « My Rifle, My Pony and Me ») créent une isotopie de la camaraderie et de la jeunesse.

L’espace :

  •  – La prison : Lieu clos, symbole de l’ordre à défendre.
  •  – Le saloon : Lieu de tentation (alcool, Feather) et de sociabilité.
  •  – La rue : Espace de confrontation, où se jouent les duel.
Symbolique des objets :
  •  – Le fusil : Instrument de justice, mais aussi de violence.
  •  – La bouteille : Symbole de la chute de Dude, puis de sa renaissance (il la brise à la fin).
  •  – Les cartes : Burdette joue aux cartes, symbole de hasard et de tricherie.

5./ Sémiotique des passions.

  •  – La peur : Les citoyens ont peur de Burdette, Chance craint de vieillir, Dude craint de replonger.
  •  – L’amour : La relation Chance/Feather est ambiguë (attirance, mais aussi méfiance).
  •  – L’amitié : La relation entre Chance et Dude est au coeur du film, plus importante que la romance.

6./ Spécificités hawksiennes.

Groupe vs individu :  Hawks montre que la vraie force vient de la solidarité masculine (thème récurrent dans son oeuvre, cf. « The Thing », « Only Angels Have Wings »).

Humour et ironie : Les dialogues sont pleins de sous-entendus, et l’humour désamorce la tension (ex. : Stumpy qui insulte tout le monde).

Femmes fortes : Feather n’est pas une victime ; elle est active, même si son rôle reste limité par les codes du genre.

Conclusion :

une sémiotique de l’honneur et de la communauté.

« Rio Bravo » est une méditation sur la loi, l’honneur et la rédemption, où la structure narrative classique (Propp) est enrichie par :

  •  – Une « complexité actantielle » (Greimas) : les personnages évoluent, les rôles ne sont pas figés.
  •  – Une « construction discursive » (Adam) qui alterne action et introspection.
  •  – Des « isotopies » (Rastier) qui lient musique, espace et objets pour créer un univers cohérent?
  •  – Une « dimension narrative » : le film réfléchit sur les codes du western (la solitude du héros, la violence, la place des femmes).
Ouverture :

On pourrait aussi analyser la « dimension politique » du film (la loi contre l’anarchie, le rôle du shérif comme figure paternelle), ou sa « réception » (comment il a influencé les westerns ultérieurs, comme ceux de Leone ou Eastwood).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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