Nous définissons notre objet d’étude comme étant les textes littéraires.
Le texte littéraire n’est possible que grâce au langage : il est fait de mots, le mot étant ce qu’on pourrait appeler son matériau de base, de même que le matériau de base du film est l’image.
Nous pourrions prétendre, de la même manière, que le matériau de base du peintre est la couleur, à savoir les couleurs qui figurent sur sa palette.
Pour décrire avec un tant soit peu de précision le langage des écrivains, c’est-à-dire le support des textes littéraires qui constituent leurs œuvres, il n’est guère possible de faire autrement que d’utiliser un vocabulaire spécifique – et donc quelque peu technique –, à savoir ce que l’on appelle un méta-langage (c’est-à-dire un langage sur ou à propos du langage).
Ainsi, nous savons que les langues qu’utilisent respectivement Molière, Shakespeare, Cervantès ou Dante sont le français, l’anglais, l’espagnol et l’italien.
Nous disons que chacune de ces langues (« les mots de la tribu », pour le dire comme Mallarmé…) est un « sociolecte » et que le vocabulaire particulier propre à chacun de ces écrivains définit, – au sein de la langue commune (celle qu’il partage avec les autres locuteurs de sa « tribu ») – son « idiolecte » (du grec « idios », propre, particulier).
Chaque idiolecte est le fruit des expériences et des apprentissages de chacun des écrivains auxquels nous nous intéressons. Il en résulte qu’il est chargé de certaines valeurs, positives ou négatives, qui définissent, par leur récurrence, une axiologie. La genèse de cette « axiologie figurative » (soit le système des valeurs des figures dont sont faits les textes de l’écrivain) est bien illustrée par la description qu’en propose Bachelard (voir texte ci-joint).
Selon Bachelard, l’expérience implique l’auteur concrètement, existentiellement, alors que ce dernier demeure distant, non impliqué personnellement dans ce qui s’offre à lui seulement comme un spectacle dont il n’aurait qu’une connaissance seconde et, pour tout dire, abstraite. L’ensemble de ces expériences et des spectacles qui ont influencé l’auteur et, par suite, l’œuvre qu’il a produite, constitue ce que l’on appelle son « univers sémantique », c’est-à-dire sa vision du monde et le sens qu’il donne à l’expérience de la vie.
Pour plus de précision, nous soumettons, par ailleurs, au lecteur un exemple de notre approche du texte littéraire, sous la rubrique « Notre méthode ».