Proposition d’analyse sémiotique d’un conte de Maupassant : « La Parure »

parure

Sommaire :

I.       Introduction

Il.      Approche interne

  1. Structure générale du texte
  2. Segmentation du texte
  3. Le niveau figuratif
  • Les oppositions principales du texte
  • Code topologique
  • Code actoriel
  • Code sensoriel
  • Code chronologique
  1. Le niveau narratif
  2. Le niveau thématique

Ill.      Essai d’herméneutique

Quelques pistes pour l’interprétation

Proposition de lecture pour élèves allophones

 – Bibliographie

 – Annexe : Texte de « La parure »

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 I. Introduction

  • Maupassant conteur :

Parmi les recueils de contes de Guy de Maupassant (1850- 1893 ) citons :

1881 : La Maison Tellier 1883 : Mademoiselle Fifi 1883 : Contes de la Bécasse

1885 : Contes du Jour et de la Nuit

C’est dans ce dernier ouvrage que se trouve le texte de « La parure« , texte paru dans la presse française en mars 1885.

  • Le terme de conte controversé :

Peut-on considérer les courts récits regroupés dans les « Contes du Jour et de la Nuit » comme des contes ayant des caractéristiques communes ? C’est la question que se pose Robert Bismut, dans sa préface de l’édition 1977 de l’oeuvre, devant une grande hétérogénéité de textes.

Mais qu’est-ce qu’un conte ?

Selon Le Petit Larousse (1995), il s’agit d’un « récit, souvent assez court, de faits, d’aventures imaginaires« 

Si l’on s’en tient à cette définition, il est vrai que les textes regroupés dans cet ouvrage peuvent recouvrir cette appellation. Ils sont courts et mettent en scène un ou plusieurs paramètres irréels, mystérieux ou fantastiques .

Il ne faut bien sûr pas envisager les contes de Guy de Maupassant comme des contes merveilleux tels que décrits par Vladimir Propp (Morphologie du conte ) mais plutôt des contes où le mystère côtoie le réel le plus anodin.

  • Choix du titre de l’ouvrage :

Guy de Maupassant n’a jamais explicité l’antithèse du jour et de la nuit. L’hypothèse considérée comme la plus probable est celle de l’intention de l’auteur de créer une poésie du clair-obscur. Cette antithèse se retrouve dans tous les textes sous la forme d’un contraste entre la banalité quotidienne de la vie et l’insolite le plus hallucinant et surprenant.

  • Réalité couplée à l’insolite :

La description de la réalité, pour G. de Maupassant, c’est :

– la mise en scène de types humains que l’écrivain côtoyait (paysans, employés, commerçants, parisiens fêtards …)

– la reproduction fidèle de la nature

– l’observation minutieuse des gestes et des propos des

L’auteur se délectait aussi de l’insolite en s’inspirant de Nerval, Baudelaire et Poe.

L’étrangeté et l’insolite sont encore renforcés par la description minutieuse de la réalité.

 » Le vertige qui saisit le lecteur devant des dénouements aussi surprenants qu’ habilement conduits, lui laisse, aussitôt dissipé, une impression de malaise, comme si des abîmes s’entrouvraient sous les plages apparemmen sans faille de narrations par trop simples et souriantes « . (Préface, Edition Flammarion, p. 32)

  • Le pessimisme :

Le pessimisme est le terme qui vient en premier à l’esprit lorsque l’on évoque celui que l’on appellait  » le plus grand saccageur de rêves qui ait passé sur la Terre « . Il s’en prend à tout ce qui peut inspirer quelque confiance dans la vie. Pour lui, l’homme est une bête à peine supérieure aux autres et l’univers est un déchaînement de forces aveugles et inconnaiss

Il.     Approche interne

  1. Structure générale du texte :

Je me base ici sur le schéma narratif canonique pour analyser la structure générale du texte.

Superstructure narrative

Situation initiale –>Noeud déclencheur–>Actions–> Réactions–> Dénouement—>Situation finale   (1)

 

  1. Situation initiale :

Moment : Le récit est rapporté au passé (imparf ; p. simple) . Alors que la plupart des récits courts de l’auteur se déroulent sur un temps réduit, celui-là s’étale sur une dizaine d’années.

Lieux :  Le récit se déroule à Paris. L’auteur s’est aussi attaché à une étude de moeurs parisiennes.

Personnages :  Dans les contes de Maupassant, les personnages secondaires sont à peine esquissés. Les trois personnages principaux sont :

  • Mathilde Loisel, fille et femme d’employés
  • M. Loisel, mari de Mathilde et employé au Ministère de l’instruction Publique
  • Mme Forestier, riche bourgeoise et amie de Mathilde.
  1. Situation : ( Dans quelle situation se trouvent les personnages ? )

Mathilde Loisel, jeune et charmante fille, a épousé un simple commis du Ministère de l’instruction Publique. Elle n’est pas satisfaite de sa condition sociale et aspire à une vie de luxe et de bourgeoisie.

2. Noeud déclencheur : ( Qu’est-ce qui fait que la situation initiale change ? )

Le mari de Mathilde reçoit une invitation pour aller à la très enviée soirée du Ministère.

3. Actions :   – Mathilde nîe veut pas s’y rendre car elle n’a aucune toilette à porter qui soit digne de ses aspirations

  • Son mari lui fournit l’argent pour une très belle robe, mais il lui faut encore une parure.
  • Mathilde emprunte une parure de diamants à sa riche amie, Mme Forestier.
  • A la fin de cette soirée où elle resplendit, elle s’aperçoit que la parure a disparu de son cou.

4. Dénouement : (Qu’est-ce qui permet d’arriver à la situation finale ? )

Le couple Loisel décide de s’endetter jusqu’au cou afin de remplacer la parure de Mme Forestier qu’ils lui remettent sans rien lui avouer.

5. Situation finale :   Dix ans ont passé et le couple Loisel a enfin remboursé la totalité de leurs dettes contractées pour payer la parure de diamants.

Mathilde est une femme anéantie par la besogne. Elle rencontre Mme Forestier à qui elle avoue tout.

Cette dernière révèle alors à Mathilde que sa parure était fausse.

  1. Segmentation du texte :

J’ai segmenté le texte  » La parure  »  en 9 séquences distinctes.

 – 1ère séquence :         p. 81—82

Comme l’auteur présente le cadre, il y a de nombreuses         disjonction actorielles :

  • « une de ces jolies et charmantes filles » (p. 81)
  • « un petit commis du ministère de l’instruction publique » (p. 81 )
  •  » la petite bretonne qui faisait son ménage » (p. 81)
  • « elle avait une amie riche » (p. 82 )
 – 2ème séquence :      p. 82—84

La 2ème séquence commence avec une

  • Disjonction temporelle :
  • « Or, un soir  » (p. 82 )
  • Disjonction actorielle :
  •  » Le ministre de l’Instruction publique et Mme Georges Ramponneau  » (p.82)
  • Disjonction temporelle :
  • « Le jour de la fête approchait  » ( p. 84)
 – 3ème séquence :        p. 84—85

Commence par une

  • Disjonction temporelle :
  • « Le lendemain » (p. 84)
  • Disjonction temporelle . :
  • « Tout à coup » (p. 85)
 – 4ème séquence :          p. 85

Commence par une

  • Disjonction temporelle :
  • « Le jour de la fête arriva  » (p. 85)
 – 5ème séquence :          p. 85—86

Commence par une

  • Disjonction temporelle :
  • « Elle partit vers quatre heures du matin » (p. 85)
  • Deux disjonctions topologiques :
  • « petit salon désert » (p. 85)
  • « jusqu’à leur porte, rue des Martyrs » (p. 86)
 – 6ème séquence :       p. 86—87

Commence par une

  • Disjonction temporelle :
  • « Mais soudain » (p. 86)
 – 7ème séquence :         p. 87–88

Commence par une

  • Disjonction temporelle :
  • « Au bout d’une semaine » (p. 87)
  • Disjonction actorielle :
  •  » le joaillier  » (p. 87)
  • Disjonction topologique :
  • « boutique du Palais-Royal » (p. 87)
– 8ème séquence :       p. 89
  • Disjonction temporelle :
  •  » Au bout de dix ans » (p. 89)
– 9ème séquence :      p. 89—90

Commence par une

  • Disjonction temporelle :
  • « Or, un dimanche » (p. 89)
  • Disjonction topologique :
  • « Champs-Elysés  » (p. 89)

La page suivante clarifie un peu mieux la segmentation du texte :

– On y voit la progression linéaire et suivie du temps

– On y voit l’alternance entre récit et discours rapporté

– On voit une progression thématique circulaire puisque le texte passe d’un état dysphorique à un état euphorique avec un retour net à la dysphorie.

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/ Séqu. 1 Présentation des personnages. Vie quotidienne mise en rapport avec la vie rêvée

« une de ces jolies et charmantes filles« 

 – Situation initiale

Récit  –  Dysphorie (réalité) comparée à euphorie (rêve)

***

/Séqu. 2/  Invitation pour la soirée au Ministère.

« or un soir »

 – Noeud déclencheur

Récit et discours  – Dysphorie : peur de la désillusion

***

/Séqu.3/   Prêt du collier de Mme Forestier

« le lendemain« 

Récit et discours  –  Euphorie

***

/ Séqu. 4/   La soirée au Ministère : court moment de  bonheur.

« Le jour de la fête arriva« 

Récit  –  Euphorie

***

/Séqu. 5/   Retour à la réalité   quotidienne.

« Elle partit vers 4h. du matin« 

Récit et discours  –  Dysphorie : dur retour à la réalité

***

/ Séqu. 6/    La parure a disparu

« Mais soudain« 

Récit et discours  –  Dysphorie : liée à la peur et à l’angoisse

***

/ Séqu.7/  Emprunts pour acheter une nouvelle parure

« Au bout d’une semaine« 

 – Dénouement

Récit et discours  –  Dysphorie : liée à la peur et à l’angoisse

***

/ Séqu. 8/    Dix ans après, remboursement des dettes

« Au bout de 10 ans« 

 – Situation finale

Récit  –  Dysphorie : vie brisée et anéantie

***

/Séqu. 9/    Révélation bouleversante

« Or, un dimanche« 

 – situation finale

Récit et discours –  Dysphorie : vie brisée et anéantie

******

  1. Le niveau figuratif :

    A. Les oppositions principales du texte :

Ce texte de Maupassant recèle de nombreuses oppositions puisque l’auteur met en parallèle deux mondes sociaux et culturels : celui des employés et celui des bourgeois parisiens.

  1. EMPLOYES               vs                      BOURGEOIS
  2. SIMPLICITE               vs                     LUXE ,RICHESSE
  3. BEAUTE                    vs           RECONNAISSANCE SOCIALE
  4. DYSPHORIE              vs                    EUPHORIE
  5. DOMINE                     vs                     DOMINANT
  1. L’auteur oppose le monde des employés à celui des bourgeois :

Mathilde est née « dans une famille d’employés » (p.81) et épouse, selon le déterminisme social mis en avant par Maupassant, « un petit commis du ministère de l’instruction publique« . (p. 81).

Mathilde n’est pas satisfaite de sa condition sociale et se sent « déclassée« , « se sentant née pour toutes les délicatesses et tous les luxes« . (p. 81)

Ses aspirations sont exacerbées par la fréquentation d’une amie riche qui est une de ses connaissances de couvent. Le déterminisme social reparaît là puisque si ce n’était pas une amie de jeunesse, Mme Forestier ne serait certainement pas liée à Mathilde qui est d’un rang social inférieur à   elle.

En plus de Mme Forestier, d’autres personnages représentent le monde de richesse auquel aspire Mathilde : il s’agit du Ministre de l’Instruction publique Georges Ramponneau et de sa femme.

Ce sont eux qui organisent une soirée où Mathilde pourra côtoyer, l’espace d’un moment, « tout le monde officiel » (p. 83).

Il est important de dire ici que Mathilde, en imaginant un monde de richesse, sort de la réalité. Elle pense que les gens riches vivent dans des château enchantés et passent leurs journées à causer dans des  « petits salons coquets« (p. 82). Toute sa réflexion et son amertume reposent en fait sur des stéréotypes établis et pas toujours justes.

Avec la chute du texte, manifeste dans la situation finale du texte, la distance séparant les deux mondes s’en trouve renforcée. Le lecteur apprend en effet que la parure de diamants de Mme Forestier est fausse. Cela rend, bien sûr, vains les sacrifices de dix ans du couple Loisel, mais cela montre aussi que les croyances de Mathilde n’étaient qu’illusoires. Mme Forestier, bien qu’étant riche, porte un collier valant tout au plus 5oo francs, mais cela importe peu puisque les gens croient, lorsqu’elle le porte, qu’il s’agit d’un vraie parure de diamants. Lorsque Mathilde porte, elle, la parure, l’on peut imaginer, de par la chute du texte, que les invités de la soirée imaginent que sa parure est fausse. Il n’y a que Mathilde qui pense que la parure est vraie.

Ainsi, l’on peut dire que si Mathilde base la richesse et la reconnaissanc sociale sur le paraître, la fin du texte nous apprend que, finalement, cela est bien plus déterminé par la place sociale qu’occupent les personnages au sein de la société.

  1. A un monde de simplicité, de pauvreté s’oppose un monde de luxe et de richesse :

La mise en parrallèle de ces deux oppositions a lieu tout au long du texte, et particulièrement dans la 1ère séquence.

A la simplicité du logement de Mathilde s’oppose les « antichambres muettes et capitonnées » et « les grands salons vêtus de soie ancienne« (p. 81).

Bien que ce soit le narrateur qui décrive cela, l’on s’aperçoit qu’il reprend à son compte des propos qui pourraient être ceux de Mathilde.

Le texte de Maupassant relativise les choses et montre que le point de vue adopté est important. En effet, le logement de Mathilde paraît pauvre et simple en comparaison avec les lieux luxueux décrits dans la 1ère séquence. Cependant, ce logement paraît ensuite tout à fait convenable en comparaison de la « mansarde » louée « sous les toits » (p. 88).

Remarquons que si Mathilde est nettement insatisfaite de sa première condition, elle prend ensuite « son parti, tout d’un coup, héroïquement » de sa nouvelle condition, bien plus misérable.

  1. A la beauté, attrait naturel, s’oppose le statut social :

Le récit débute par la mise en avant des attraits naturels de Mathilde, à savoir sa beauté :

« C’était une de ces jolies et charmantes filles « (p. 81).

Ces attraits sont mis en opposition avec le manque de dispositions sociale et donc culturelles :

« Elle n’avait pas de dot, pas d’espérances« {p. 81)

A partir de cela s’opère un amalgame entre la reconnaissance sociale et une reconnaissance sentimentale :

« Elle n’avait aucun moyen d’être connue, comprise, aimée, épousée par un homme riche et distingué » {p. 81).

Le narrateur privilégie donc les attraits naturels des femmes qui « n’ont point de caste ni de race, leur beauté, leur grâce et leur charme leur servant de naissance et de famille« . {p. 81).

« Leur finesse native, leur instinct d’élégance, leur souplesse d’esprit sont leur seule hiérarchie et font des filles du peuple les égales des plus grandes dames« . (p. 81).

Ces arguments amenés par le récit sont en fait ceux de la société française du XIX ème siècle. Le rôle de la femme était d’être belle, charmante, raffinée, fine et élégante alors que le rôle social et la reconnaissance sociale qui en découlent incombaient au mari.

« Hommes connus et recherchés » (p. 82)

On peut donc dire que ce récit comprend deux types d’arguments :

  • Ceux de la société qui reconnaît la beauté et les attraits naturels de Mathilde

(Sociolecte : langage collectif )

  • Ceux de Mathilde qui est insatisfaite de sa condition sociale de femme d’employé.

(Idiolecte : langage Individuel )

Prenons un exemple de cette opposition entre attraits naturels et attrait social et culturel, à la séquence 2 :

Le mari de Mathilde lui propose, pour se rendre à la soirée, de porter des fleurs naturelles puisqu’elle ne possède aucun bijou.

« Tu mettras des fleurs naturelles. C’est très chic en cette saison-ci . Pour dix francs tu auras deux ou trois roses magnifiques« . (p. 84)

Mathilde refuse de porter des fleurs qui mettraient sa beauté en valeur mais qui ne représentent aucune valeur sociale et culturelle. Elle aurait alors « l’air pauvre au milieu de femmes riches » (p. 84).

Le paradoxe de cette opposition apparaît encore à la séquence 4 :

Mathilde est couverte de sollicitations au cours de la soirée du Ministère. Mais alors qu’elle attribue son succès à ses attraits culturels (toilette et parure), le narrateur met en avant ses attraits naturels : « Elle était plus jolie que toutes, élégante, gracieuse, souriante et folle de joie« . (p. 85).

Arrêtons-nous encore sur le terme « rivière » utilisé par l’auteur pour parler de la parure de diamants, objet culturel par excellence. Ce terme rappelle au lecteur que le diamant est à l’origine un matériau naturel et n’est donc pas innocent car il relativise la valeur d’objets à haute valeur sociale et culturelle.

  1. Il y a opposition entre dysphorie et euphorie :

L’auteur oppose, dans la premère séquence, un état dysphorique (amertume) de la réalité à un état euphorique (joie ).

Pour Mathilde, la banalité de la vie quotidienne correspond à un état dysphorique, alors que la vie luxueuse à laquelle elle aspire correspond à un état euphorique.

Ceci donne un schéma de ce type :

VIE QUOTIDIENNE                  vs                 VIE REVEE

LIEUX TOPIQUES             vs                  LIEUX PARATOPIQUES

DYSPHORIE                                 vs                   EUPHORIE

Ce schéma évolue au fil de l’histoire puisque l’euphorie devient réelle le temps d’un instant, le temps de la soirée (séquence 4)

SOIREE                                 vs                    VIE QUOTIDIENNE

LIEU TOPIQUE                          vs                    LIEU TOPIQUE

EUPHORIE                                  vs                     DYSPHORIE

L’état final est nettement dysphorique   :

 – La   parure a disparu    —–>        Dysphorie liée à l’angoisse  –  Remboursement des dettes  —–>   Dysphorie : vie brisée
 – La   révélation      —–>                    Dysphorie : vie brisée

 – Il y a opposition entre le statut de dominant et celui de dominé :

Mathilde occupe un statut de dominant face à son mari   :

MATHILDE                vs                M.  LOISEL

DOMINANT              vs                DOMINE

Mathilde :

  • « Elle déclara avec impatience » (p. 83)
  • « Elle avait dompté sa peine » (p. 83)
  • « Elle répondit d’un voix calme » (p. 83)
  • « Elle jeta avec dépit » (p. 82)

M. Loisel :

  •  » Il balbutia  » (p.83)
  •  » Il se tut, stupéfait, éperdu  » (p. 831
  •  » Il bégaya  » (p.83)
  •  » Il était désolé »  (p. 83)

Il est intéressant de noter que le lecteur ne connaît pas le prénom de M. Loisel, ce qui confirme sa position de dominé.

Envisageons ce schéma avec les autres personnages principaux :

MATHILDE  (dominé)    vs     LE MINISTRE ET SA FEMME (dominant)

MATHILDE (dominé)      vs     MME FORESTIER (dominant)

MATHILDE (dominant)  vs    M. LOISEL (dominé)

M. LOISEL (dominé)       vs    LE MINISTRE ET SA FEMME (dominant)

M. LOISEL (dominé)      vs    MME FORESTIER (dominant)

M. LOISEL (dominé)      vs    MATHILDE (dominant)

 B.  Code topologique :

1ère séquence Voyons plus en détails les termes relevant de l’opposition dysphorie – euphorie :

LIEU    DYSPHORIQUE          vs             LIEU    EUPHORIQUE

« pauvreté de son logement » (p.81)——–  » petits salons coquets  » (p. 82 )

 » misère des murs » (p. 81 ) ——————– » tentures orientales  » (p. 82 )

« l’usure des sièges  » (p. 81) ———————– « larges fauteuils  » (p. 82 )

« laideur des étoffes  » (p. 81)——–« grands salons vêtus de soie ancienne »  (p.82 )

Notons que Maupassant utilise un terme englobant ( logement ) pour parler du lieu dysphorique, alors qu’il utilise plusieurs termes englobés ( antichambres, grand, petits salons ) pour décrire les lieux euphoriques.

 – 2ème séquence :

LIEU EUPHORIQUE  vs  LIEU DYSPHORIQUE

Mathilde    Ministère (avec parure)  vs  Ministère (sans parure)

M. Loisel     Plaine de Nanterre  (chasse)  vs  Ministère (petit salon désert et travail à 10 h)

Alors que Mathilde apprécie avant tout les lieux sociaux et « culturels », son mari apprécie, lui, les lieux « naturels ».

 – 5ème séquence :

LIEU EUPHORIQUE  vs  LIEU DYSPHORIQUE

« le petit salon désert » (p. 85)  vs  « les petits salons coquets » (p.82)

« le fiacre » (p. 85)   vs  « un de ces vieux coupés noctambules » (p.86)

 » abattue sur une chaise sans feu » (p. 87)     vs  « grands valets qui dorment dans de larges fauteuils, assoupis par la chaleur lourde du calorifère « (p .81)

Maupassant utilise aussi une dialectique entre le haut et le bas :

HAUT  ( = EUPHORIE)        vs        BAS  ( = DYSPHORIE)

Dans la 5ème séquence, il y a une forte dialectique du bas vs le haut lorsque le couple Loisel rentre chez lui après la soirée :

  • Ils descendaient vers la Seine » {p. 86 )
  • Elle descendait rapidement l’escalier  » (p. 86)
  • « Elle descendit à la rue, chaque matin, les ordures » {p. 88)

Maupassant associe aussi des termes euphoriques et dysphoriques :

  •  « Ils remontèrent tristement chez eux  » (p. 86)

 – 6ème séquence :

Dans cette séquence,  les lieux rêvés comme euphoriques deviennent dysphoriques :

LIEUX LUXUEUX  (= euphoriques —-> dysphoriques)

Avant la perte du bijou                        vs              Après la perte du bijou

Lieux paratopiques (imaginés)      vs           Lieux topiques (Boutique du Palais Royal, Champs Elysées)

Lieux euphoriques                  vs                Lieux dysphoriques

– 7ème séquence : Changement de perspective : le couple Loisel a loué un mansarde.

Logement avant la perte du bijou  (= Lieu topique = Lieu dysphorique) vs Lieux luxueux ( = Lieux paratopiques = Lieux euphoriques) vs Logement après la perte du bijou ( = Lieu topique = Lieu dysphorique)

***

C.  Code actoriel :

 – 1ère séquence : Nous retrouvons l’opposition euphorie-dysphorie au niveau actoriel :

DYSPHORIQUE  :

  •  « petit commis du ministère de l’Instruction publique »   (p. 81)
  • « petite Bretonne qui faisait son humble ménage » (p. 81)

vs

EUPHORIQUE   :

  • « homme riche et distingué » (p. 81)
  • « deux grands valets en culotte courte« 

 – 8ème séquence :

Avant la perte du bijou :

  • « une de ces jolies et charmantes filles » (p. 81 )

vs

Après la perte du bijou :

  • « femme forte, dure et rude » (p.89)

 – 9ème séquence :

Avec les événements, Mathilde a perdu, d’une part, les attraits naturels de beauté qu’elle possédait et, d’autre part, les commodités matérielles et sociales.

  • « Mal peignée, avec les jupes de travers et les mains rouges, elle parlait haut, lavait à grande eau les planchers »  (p. 89)
  • « Elle connut les gros travaux du ménage, les odieuses besognes de la cuisine. »  (p. 88)

Alors que Mathilde enviait les attraits sociaux et culturels de Mme Forestier (la parure de diamants), il est paradoxal de voir que cette riche dame est, à la fin du texte, représentée avec des attraits naturels :

  •  » Elle aperçut une femme qui promenait un enfant » (p. 89)
  •  » C’était Mme Forestier, toujours jeune, toujours belle, toujours séduisante  » (p. 89)

D. Code sensoriel :

Nous retrouvons, au niveau sensoriel, l’opposition euphorie-dysphorie :

DYSPHORIE                       vs            EUPHORIE

« la soupière » (p. 82)      vs     « vaisselles merveilleuses  » + « argenteries         reluisantes » (p. 82)

***

« le bon pot-au-feu » (p. 82)       vs     « dîners fins« , « plats exquis »,  + « chair rose d’une truite et ailes de gélinotte » (p. 82)

« modestes vêtements  » (p. 85 )  vs   « riches fourrures » (p. 85 )

Le monde euphorique est décrit avec minutie, d’où la profusion de termes.

Mathilde s’imagine le monde bourgeois comme un monde merveilleux tel que décrit dans les contes de fées :

  • « Tapisseries peuplant les murailles de personnages anciens et d’oiseaux étranges au milieu d’une forêt de féerie » (p. 82 )
  •  » Sourire de sphinx » (p. 82 ) : Le sphinx est un monstre mythique à corps de lion et à tête humaine.

Remarquons que le terme « enchanté » (p.82) et le terme « féerie » (p. 82) font appel au même registre mais n’ont pas la même signification, l’un étant rationnel et l’autre imaginaire.

 – 2ème séquence :

L’auteur s’attache à une description minutieuse de la quotidienneté du couple Loisel en utilisant l’association d’un terme englobant et d’un terme englobé.

ENGLOBANT               vs                 ENGLOBE

  • « enveloppe » (p. 82 ) — -vs—« carte imprimée » (p. 82 )
  • « bijou » (p. 84 ) ——-vs —–« pierre » ( p. 84 )
  • « vêtements » (p. 85 ) —vs—« toilette de bal » (p. 85 )

***

Dans ce texte, trois couleurs sont mises en évidence : il s’agit du noir, du rouge et du rose :

NOIR : » boîte de satin noir‘ (p. 85 )

 » la noire misère  » (p. 88)

ROSE :  » chair rose d’une truite  » (p. 82 )

 » deux ou trois roses magnifiques  » (p. 84 )

ROUGE :   » les mains rouges  » (p. 89)

Le noir annonce le drame qui va se produire, à savoir la perte mystérieuse du bijou.

Le rouge fait aussi partie des couleurs du fantastique chez Maupassant, tout comme le blanc. Ces deux couleurs associées forment la couleur rose.

***

Nous retrouvons la dialectique haut-bas dans le code sensoriel :

HAUT               vs                  BAS

 » Elle l’attacha autour de sa gorge, sur sa robe montante  » (p. 85 )

vs

 » Deux grosses larmes descendaient lentement des coins des yeux vers les coins de la bouche  » (p. 83 )

E.  Code chronologique  :

La chronologie occupe une place dominante dans ce texte de par les nombreuses disjonctions temporelles qu’il renferme (voir segmentation du texte ).

Le fait que chaque nouvelle séquence commence par une disjonction temporelle est une des caractéristiques des contes puisque l’on sait que ceux-ci commencent par une disjonction temporelle du genre « Il était une fois« .

La progression de ce texte est très claire et ceci est aussi une des caractéristiques des contes. Le lecteur suit exactement le fil de l’histoire qui se déroule sur une dizaine d’années.

La soirée au Ministère de l’Instruction publique est nettement mise en avant par quatre disjonctions temporelles qui prennent comme référence cet événement :

 » Le jour de la fête approchait  » (p. 84 ) « Le jour de la fête arriva » (p. 85 )

 » Au bout d’une semaine  » (p. 87)  » Au bout de dix ans  » (p. 89)

Ces disjonctions montrent que tout le récit repose sur cet événement bref mais déterminant qu’est la soirée au Ministère.

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Le niveau narratif :

J’analyse ici le texte « La parure » selon le schéma actantiel de Greimas :

Rappelons que les personnages (humains ou non humains) sont appelés des actants et que leur rôle peut être résumé ainsi :

DESTINATEUR  :  celui qui envoie le Sujet en mission

OBJET : le but de la mission

 DESTINATAIRE  : celui à qui profite la mission

ADJUVANT  : celui qui aide le Sujet

SUJET : le héros du récit

OPPOSANT : celui qui s’oppose au Sujet

Au niveau général, cela donne pour le texte « La parure  » :

Il me semble qu’au niveau de ce texte :

  • Le DESTINATEUR est l’auteur qui envoie le Sujet en mission.
  • Le DESTINATAIRE est la société française du XIXème siècle à qui était destiné cet ouvrage.

Voyons la progression narrative :

1ère séquence  :

  • SUJET :  Mathilde
  • OBJET :  s’élever au-delà de sa condition sociale
  • ADJUVANT : Mme Forestier
  • OPPOSANT : le statut social de son mari

2 ème, 3 ème et 4 ème séquences  :

  • SUJET : Mathilde
  • OBJET : aller à la soirée du Ministère
  • ADJUVANTS : Mme Forestier (parure), M. Loisel (robe), le Ministre (invitation)
  • OPPOSANT : l’orgueil de Mathilde

6 ème séquence :

  • SUJET : Mathilde et son mari
  • OBJET : retrouver la parure qui a disparu
  • ADJUVANT : l’espoir
  • OPPOSANT : le mystère de cette disparition

7 ème séquence :

  • SUJET : Mathilde et son mari
  • OBJET : remplacer la parure
  • ADJUVANTS : leg et emprunts
  • OPPOSANTS : le joailler et les engagements ruineux

8 ème séquence :

  • SUJET : Mathilde et son mari
  • OBJET : rembourser les emprunts financiers
  • ADJUVANT : le labeur du couple
  • OPPOSANT : l’importance de l’emprunt

9 ème séquence :

  • SUJET : Mathilde
  • OBJET : avouer la vérité à Mme Forestier
  • ADJUVANT : la fin du remboursement et de l’angoisse
  • OPPOSANT : la rancune

4. Le niveau thématique  :

En me basant sur les oppositions principales du texte, j’ai identifié deux oppositions thématiques principales. Je les représente selon le carré sémiotique de Greimas.

 

NATURE                                   vs                              CULTURE

  • beauté                                  vs                            richesse
  • attraits naturels             vs                            attraits fabriqués
  • avantage à la nature    vs                            avantage au rôle social

NON CULTURE                                                   NON NATURE

  •  Non richesse                                                 Non beauté
  • Non attraits fabriqués                             Non attraits naturels
  • Non avantage  au rôle social                Non avantage à la nature

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JOUR                                  vs                                NUIT

  • Petite bourgeoisie                                    Grande bourgeoisie
  • Banalité                                                           Extraordinaire
  • Couleur rose                                                Couleur noire
  • Dysphorie                                                     Euphorie
  • Raison                                                             Imagination
  • Réalité                                                            Plaisir

NON NUIT                                                        NON JOUR

 

  • Non grande bourgeoisie                 Non petite bourgeoisie
  • Non extraordinaire                            Non banal
  • Non noir                                                   Non rose
  • Non euphorique                                  Non dysphorique
  • Non imagination                                  Non raison
  • Non plaisir                                               Non réalité

Ill.  Essai d’herméneutique :

Quelques pistes pour l’interprétation :

L’influence de G. Flaubert :

 En lisant le texte de Maupassant, on ne peut pas ne pas songer à « Madame Bovary« , l’oeuvre de Flaubert.

Guy de Maupassant, on le sait, a nettement été influencé par le réalisme de Flaubert qui fut l’un de ses mentors tout en étant l’un de ses proches.

Dès les premières lignes de « La parure« , le lecteur, indubitablement, associe, les traits d’insatisfaction de Mathilde Loisel à ceux d’Emma Bovary.

Les rêves fous de Mathilde, ceux d’une petite bourgeoise déçue dans lesquels les sensualités du luxe se confondent avec les joies du coeur sont bien ceux d’Emma, trente-quatre ans plus tôt.

Bien que le cadre change, puisque le château du marquis d’Andervilliers s’est transmué en salons du Ministre de l’Instruction publique, le bal, pour Mathilde comme pour Emma, est comme la revanche momentanée du rêve sur l’humble quotidien.

Les maris respectifs présentent, eux aussi, des points communs. Alors que M. Loisel et Charles Bovary sont tous deux interdits de bal, l’un se traîne à la rampe et l’autre dort dans un petit salon désert.

Au-delà de ces ressemblances actorielles, constatons que les chutes des deux textes sont foncièrement différentes.

Alors qu’Emma se laisse tuer par les dettes financières, Mathilde, elle, décide, faisant preuve de volonté, de rembourser ses emprunts jusqu’au dernier sou. Cela l’empêche d’être associée au bovarysme.

Ainsi, il est nécessaire de dire que si quelques ressemblances apparaissent au début des deux textes, celui de Maupassant se distingue aussi de manière très originale de celui de Flaubert.

 – Circularité du texte et révélation finale :

Le récit de Maupassant se caractérise par son aspect circulaire.

En effet, l’histoire revient à son point de départ, car avoir perdu une fausse parure, c’est à peu près n’avoir rien perdu du tout, – mais après avoir tout de même brisé une existence.

Nous avons également déjà cité la circularité dysphorie-­–>euphorie—>dysphorie.

La révélation finale, à savoir celle qui apprend à Mathilde que la parure était fausse, tient un rôle primordial. Elle fait apparaître comme vains les efforts qu’elle a déployés pendant plus de dix ans. En effet, la vérité ne lui est révélée que trop tardivement ; sa vie est brisée et, comble de malheur, la joie même du sacrifice lui est confisquée. Il est vrai que Mathilde s’était fait une raison de son sacrifice en en prenant  son « parti d’ailleurs, tout d’un coup, héroïquement  » puisqu’il « fallait payer cette dette effroyable » (p. 88).

 – Le hasard :

Le hasard aveugle et malveillant gouverne dans ce conte le destin de l’héroïne.

L’auteur fait reposer en grande partie les enchaînements sur le hasard et sur le destin individuel.

Ainsi, Mathilde est née  » comme par une erreur du destin, dans une famille, d’employés  » (p. 81)

Mathilde invoque aussi le rôle du destin une fois sa vie anéantie :

« Que serait-il arrivé si elle n’avait point perdu cette parure ? Qui sait ? Qui sait ? Comme la vie est singulière, changeante ! Comme il faut peu de chose pour vous perdre ou vous sauver  » (p. 89)

 – Le miroir :

Le thème de la glace, du miroir, thème récurrent dans les écrits de Maupassant, apparaît aussi dans ce texte.

Mme Forestier possède une « armoire à glace  » et Mathilde essaye  » les parures devant la glace » (p. 84) et elle ne peut « se décider à les quitter, à les rendre » (p. 84)

Le miroir est comme un objet magique chez Maupassant et, en cela, il se rapproche des contes merveilleux.

Alors que le héros peut s’y mirer de la tête aux pieds, le miroir reçoit mais ne renvoie pas l’image qu’il lui donne.

Ce que Mathilde voit dans le miroir, c’est l’Autre d’elle-même la femme de la haute bourgeoisie qu’elle rêve d’être mais qu’elle n’est pas.

Le miroir, chez Maupassant, est le symbole de l’être intime du personnage et c’est en cela qu’il est dérangeant. .

Mathilde essaye toutes les parures devant la glace car elle ne veut pas briser ce moment de rêve, l’image irréelle qui lui est renvoyée.

Le miroir, bien sûr, est diabolique. Il sert de piège pour capturer l’être invisible qui hante Mathilde.

Or cette capture de l’image s’accompagne de la perte du reflet et donc de l’intégrité du personnage. En effet, Mathilde, en voulant adopter, l’espace d’un instant, un rôle social supérieur au sien finit par tout perdre, et notamment sa beauté, son statut matériel et social.

Proposition de lecture avec des élèves allophones :

Il me semble qu’un texte tel que celui-ci serait tout à fait indiqué pour travailler avec des élèves allophones ayant déjà un bon niveau de compréhension en français.

Cela pourrait être une bonne façon d’introduire les apprenants au thème du tragique.

Il faudrait, bien entendu, les amener à faire plusieurs constatations importantes telles que :

  • -Les descriptions sont minutieuses
  • -Il y a opposition entre deux mondes : un monde réel, topique et un monde rêvé, paratopique.
  • -Il y a, à la fin du récit, une chute subite, une révélation soudaine, qui bouleverse l’ordre des choses et la compréhension des événements. Le lecteur ne s’y attend pas.

L’ enseignant pourrait, à partir de cela, faire une analyse traditionnelle ou sémiotique avec les apprenants.

Cela pourrait aussi être une occasion de renseigner les élèves sur la société française du XIXème siècle.

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Notes

(1)  J. M. Adam & F. Revaz , L’analyse des récits, Seuil Mémo, p. 67

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Bibliographie sommaire :

  • Lagarde, A. & Michard, L. (1961) : Les grands auteurs du XIXème siècle, Paris : Bordas
  • Propp, V. (1970) : Morphologie du conte ; Paris : Seuil
  • Maupassant, G. de (1977) : Contes du Jour et de la Nuit ; Paris : Flammarion
  • Rachmühl, F. (1992) : Le Horla et autres contes fantastiques ; Coll. « profil d’une oeuvre », Paris : Hatier

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Université de Genève, Faculté des Lettres, ELCF.

Texte présenté par Mlle Anne MONDADA dans le cadre du séminaire de Méthodologie littéraire du D.E.S.F.L.E

Professeur : M. Jean-Louis Beylard-Ozeroff

"Je dis qu'il faut apprendre le français dans les textes écrits par les grands écrivains, dans les textes de création ou chez les poètes et non pas auprès de documents qui portent déjà le rétrécissement du sociologisme, le rétrécissement des médias." Michel HENRY