L’HERMENEUTIQUE
« J’appelle herméneutique toute discipline qui procède par interprétation, et je donne au mot interprétation son sens fort : le discernement d’un sens caché dans un sens apparent. (…) La tâche d’une herméneutique est de confronter les différents usages du double sens et les différentes fonctions de l’interpréation par des disciplines aussi différentes que la sémantique des linguistes, la psychanalyse, la phénoménologie et l’histoire comparée des religions, la critique littéraire, etc. »
Paul RICOEUR, Le conflit des interprétations, essais d’herméneutique, Paris, Seuil, 1969, p. 260.
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« L’herméneutique a d’abord désigné la science des règles d’interprétation des textes bibliques, puis l’art d’interpréter les textes en général, puis l’art de comprendre, de déceler ce qui n’est pas manifeste. On l’emploie souvent aujourd’hui comme synonyme d’interprétation, mais comme synonyme enrichi. Ce qu’il ajoute, c’est l’idée que l’interprétation doit franchir la distance culturelle qui nous sépare des textes en même temps que l’écart qui sépare le discours de ce qu’il doit dire. »
Henri BOUILLARD, Exégèse, Herméneutique et Théologie, Problèmes de Méthode, p. 278. (1)
LA STRUCTURE
« … dans un état de système, on ne doit pas s’occuper des termes pour eux-mêmes, que ce soit le son ou le sens de tel mot pris isolément – mais des relations entre les termes. On peut parler dès maintenant de structure, de structure de système. En effet, un terme dans une langue, un mot par exemple, n’a pas de signification propre, sinon qu’il est différent de tous les autres signes ; c’est une valeur différentielle ; comme disait de Saussure : « Dans une langue il n’y a que des différences. » Nous commençons à comprendre ce que sont les structures : des ensembles de dépendances mutuelles, des systèmes qui ne comportent que des relations et pas de termes. »
PAUL RICOEUR, Contribution d’une réflexion sur le langage
à une théologie de la parole (2)
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« Signifier n’est jamais qu’établir une relation entre des termes. »
Claude LEVI-STRAUSS, La Potière jalouse, in Oeuvres, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 2008, p. 1231.
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« …on ne peut parler de « structure » que si les formes quittent le domaine de l’échange mécanique pour passer à celui de l’usage sémantique, que si le structuralisme accepte une fois pour toutes d’être « figuratif ». Faute de quoi la démarche structuraliste se perd dans la recherche stérile de ce que Ricoeur appelait « le sens d’un non-sens« .
Gilbert DURAND, Les structures anthropologiques de l’imaginaire, Paris, Dunod, 2016, p. XXXII (Préface de la troisième édition).
LA SIGNIFICATION (SYMBOLISME ET STRUCTURE)
« Selon nous, le symbole est une expression linguistique à double sens qui requiert une interprétation, l’interprétation un travail de compréhension qui vise à déchiffrer les symboles. »
Paul RICOEUR, De l’interprétation, essai sur Freud, p. 18.
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« D’abord il me semble que toute signification, pour pouvoir être riche et parlante, doit appartenir à une structure. La structure est un facteur de signification au moins sous forme négative ; je donne un exemple tiré de la Théologie du XIIème siècle de M.-D. Chenu ; dans son chapitre sur le symbolisme, l’auteur montre que les grands symboles de la culture occidentale, d’origine hébraïque et plus largement sémitique d’une part, et d’autre part grecque et proto hellénique, reposent sur un symbolisme universel qui s’avère être une symbolique foisonnante. Les mêmes symboles, comme l’eau, le feu, peuvent signifier tout ou n’importe quoi ; le feu brûle, purifie, détruit, chauffe ; l’eau nourrit, nettoie, mais aussi fait mourir ; par conséquent, c’est toujours comme une polysémie réglée dans une structure dominante qu’un symbole signifie quelque chose. »
Paul RICOEUR, Contribution d’une réflexion sur le langage à une théologie de la parole (3)
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{1) (2) & (3) in « Exégèse et Herméneutique« , ouvrage collectif, Paris, Editions du Seuil, 1971.
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« La structure est bien l’unité d’une forme et d’une signification. »
Jacques DERRIDA, L’écriture et la différence, Paris, Seuil, 1967,p. 25
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LA PSYCHANALYSE
« La parenté entre la tâche d’interpréter un rêve et celle d’interpréter un texte est assurée par le fait que l’analyse se meut entre le récit du rêve et un autre récit qui est au premier ce qu’est un texte lisible à un rébus illisible ou un texte dans notre langue maternelle à un texte dans une langue étrangère.
L’expérience analytique elle-même, en tant qu’échange de mots et de silences, de parole et d’écoute, appartient à ce qu’on peut appeler l’ordre des signes et, en tant que telle, devient une partie de la communication humaine sur laquelle la culture repose. (…)
Pour toutes ces raisons, historiques et systématiques, la psychanalyse est la théorie de la dialectique entre désir et culture. Dès lors, aucun phénomène humain ne lui est étranger, dans la mesure où toute expérience humaine implique cette dialectique.
Paul RICOEUR, Psychanalyse et valeurs morales in Autour de la psychanalyse, Paris, Seuil, 2008, p. 113 et p.170-171.
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Approches du texte
« Deux méthodes principales commandent l’intelligence d’un texte. Selon la méthode « diachronique« , le commentateur tente de reconstituer les étapes de la formation du texte. Selon la méthode « synchronique« , le texte est examiné en son dernier état et non dans sa genèse. Ces deux méthodes sont complémentaires ; l’erreur serait de les croire mutuellement exclusives.«
Xavier LEON-DUFOUR
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Séminaire de Méthodologie Littéraire de M. J.-L. Beylard-Ozeroff